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La minute freescully
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24 novembre 2008

Tu me manques

Tu me manques.

Depuis que tu es partie, le semblant de structure familiale qui me restait s'est effondré. J'ai toujours cru que j'avais une famille très unie, qui avait des valeurs, qui était prête à s'entraider. Et que je devais redoubler d'efforts pour mériter cette famille. Je sentais bien que je n'étais pas forcément à ma place, comme un peu à l'écart, mais je me disais que c'était de ma faute, que je devais être plus attentive, que je devais plus m'impliquer, que je devais honorer cet "esprit de famille". Et puis un jour, un soir, tu es partie. Et c'est par un simple email qu'on m'a appris ton départ. Un message de ma mère sur mon répondeur un peu plus tard. Et puis plus rien. En arrivant à l'enterrement, je me suis rendue compte qu'ils s'étaient tous vus, réunis dans la maison familiale, qu'ils avaient tous préparé tes funérailles, les textes qu'ils y liraient, le déroulement de la cérémonie. J'ai eu cette terrible impression d'avoir été tenue à l'écart. Toi qui avait toujours été ma confidente, avec qui j'avais partagé tant de choses, toi qui avais toujours été là pour moi, je n'ai pas eu le droit de te rendre hommage. On ne m'y a pas invité. Ils sont restés entre eux, ils n'ont pas daigné m'appeler. Et finalement qu'est-ce que ça change ? Tu étais la seule à prendre de mes nouvelles. De mes vraies nouvelles, pas des banalités dont ma mère se délecte.

Tu me manques.

J'ai essayé. Après ton départ j'ai essayé de surmonter ton absence, de retrouver une partie de notre relation avec G. Je l'ai appelé plusieurs fois, ne sachant pas bien quoi lui dire, en me disant que je n'avais pas le droit d'exprimer un manque, une douleur, parce que dans la hiérarchie du deuil, il était au-dessus de moi et que ce serait malvenu de ma part. J'avais sans cesse l'impression de le déranger. Lorsque je proposais qu'on se voit, il me répondait sèchement qu'il ne savait pas ce qu'il faisait dans 15 jours alors que je devrai le rappeler (alors qu'il acceptait le lendemain d'aller manger chez K&L le week-end où je lui proposais de venir à la maison). Il semble loin le temps où je venais passer l'après-midi avec toi, où tu faisais une tarte aux pommes et où nous jouions au Scrabble en papotant. G. venait toujours s'asseoir avec nous pour une tasse de thé.

Tu me manques.

Hier encore, après une heure à écouter les banalités sans intérêts de ma mère, je lui propose de venir manger à la maison avec G. pour fêter la réussite de Doudou. Elle m'a répondu qu'il était préférable que j'invite G. seul parce qu'elle ne pouvais pas venir sans mon connard de père. "Tu comprends, je ne veux pas mettre G. mal à l'aise, on n'en parle pas, il ne connaît pas la situation..." La situation ? Je ne parle plus à mon père depuis 12 ans. Voilà la situation. Comment G. ne pourrait-il pas la connaître ? Il a bien remarqué, comme tout le monde, que lorsque mon père et moi nous croisons aux réunions de famille (ou lorsque nous y allions ensemble quand j'habitais encore chez mes parents), nous ne nous adressons pas la parole, nous ne nous disons même pas bonjour. Toi, tu ne m'as jamais jugée. Tu n'as jamais pris son parti. Tu n'es jamais venue me dire "oh, quand même, tu pourrais faire un effort, c'est ton père !", tu n'as jamais dit "oh, pauvre D., il est tellement malheureux, quelle petite ingrate !". Je n'ai jamais su si tu savais réellement pourquoi la situation est ce qu'elle est, mais tu ne m'as jamais rejetée. Tous les autres ont pris son parti. Et j'ai beau ne rien leur avoir fait, ils me tiennent à distance.

Tu me manques.

J'ai toujours cru que j'avais une famille. Depuis que tu es partie, je me sens horriblement seule. Évidemment j'ai Doudou, j'ai des amis, je ne me sens pas seule au quotidien, mais je me sens orpheline. Plus ça va et plus je réalise que je n'ai pas de famille. Ma mère a même admis à demi-mot que si je partais vivre à New-York, elle ne viendrai pas me voir. Les autres ? Oui, ils viendront squatter mon canapé et faire les hypocrites quand ils voudront passer des vacances aux États-Unis. Mais pas un coup de fil pour me demander comment ça va. Jamais. J'ai eu un mauvais départ avec la famille de Doudou. Je ne peux pas la considérer comme une famille d'adoption. Et je ne pense pas qu'ils le veulent de toute façon. Même si ça va mieux qu'au début.

Tu me manques.

Cela fait plus d'un an que tu es partie. J'espère qu'où que tu sois, tu me regardes, et que tu es fière de moi. Tu es celle à qui je me raccroche. Doudou dit que je te ressemble beaucoup. Tu m'as tant appris, tu es celle qui m'a permis de devenir celle que je suis. J'ai toujours pris exemple sur toi plutôt que sur mes dégénérés de parents. Parfois je mets ton collier, je serre ton pull dans mes bras. Souvent je rêve de toi.

Tu me manques, Nanie.

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