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La minute freescully
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La minute freescully
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2 mai 2009

Ailleurs

Parfois je rêve que je suis ailleurs. Isolée dans une maison paumée au milieu du maquis dans le Sud. Qu'il faut faire des kilomètres en voiture pour trouver le premier signe de la civilisation. Qu'il y fait beau et chaud, que le téléphone ne sonne jamais, que je sois seule. Et je me dis que peut-être là-bas, en hermite, la vie serait meilleure. Et puis je reviens à la réalité. Moi qui aime tant la ville mais déteste tant les autres, je ne serais pas plus heureuse là-bas qu'ici. Il y aura toujours des gens pour me rappeler que je ne suis bonne à rien, que je suis stupide. Pourquoi à chaque fois que j'essaie de sortir la tête de l'eau, de faire des efforts, de faire des projets, de positiver, une personne arrive avec ses gros sabots pour me rappeler à quel point je ne vaux rien. Et cette personne ne le fait jamais à mal, évidemment, si c'était de la pure méchanceté, ça ne me toucherai pas à ce point. Mais non. C'est juste un rappel silencieux de ma médrocrité. J'étouffe, je veux changer d'air, partir loin, fuir tout ça. Mais je sais qu'où que j'aille, je ne pourrais pas changer ce que je suis. Chaque interaction avec un être humain m'est de plus en plus difficile et douloureuse. Je supporte de moins en moins bien les briffades gratuites. Pendant 25 ans j'ai essuyé les crachats sans rien dire, j'ai l'impression que ce sont désormais des pierres qu'on me lance. Ce n'est pourtant pas forcément pire, mais je n'en peux plus.

Et ma mère qui me regarde avec admiration en me disant que je rayonne, que j'ai réussi ma vie, que je suis belle et bien dans ma peau. Si tu savais maman. Je dois être une sacré bonne menteuse pour que tu puisses penser ça de moi. Cela fait des années que ça ne va pas mais depuis 2 ans et demi j'ai l'impression que ma vie est bancale, qu'elle s'écroule petit à petit. Il me suffit parfois de fermer les yeux et de penser à la corde qui se ressert sur mon cou pour être soulagée. J'étouffe, je suffoque. Comment peux-tu dire que je rayonne ? J'imagine que c'est aussi pour te rassurer, toi qui a laissé passé le comportement de mon père pendant des années. "C'est bon, elle va bien, ce n'était pas si grave." Je ne dors plus, je n'arrive plus à réfléchir correctement, je me sens mal, je m'auto-détruis à petit feu.

Doudou ne voit rien non plus. Il est tellement obnubilé par son travail qu'il pense que mon humeur maussade signifie que j'ai un amant et que je vais le quitter. J'ai beau lui dire que non, il est persuadé qu'il a raison. C'est lui qui agit comme ça, pas moi, il devrait le savoir depuis le temps. Si je lui dis que certains jours je ne vais pas bien c'est tout, il se met à vouloir jouer les sauveurs, comme si un baiser et un massage (que je ne supporte pas dans ces moments-là, je ne supporte pas qu'on me touche quand je vais mal) allaient faire s'envoler 15 ans de dépression. Si je ne vais pas mieux après, il ne comprend pas et repart sur sa tirade du "tu vas me quitter" avant de me laisser dans mon coin. Ce week-end il n'est pas là et je n'ai pas le droit de lui parler de mon mal-être sinon il va m'accuser de le faire culpabiliser alors qu'il est loin et ne peut rien faire. J'ignore donc ses appels parce qu'aujourd'hui je ne peux pas faire semblant. Mon seul réconfort est mon amie Absolut. Et au bout de quatre appels, il a craqué, il m'a envoyé un texto pour me dire que puisque j'étais furieuse, très bien, bon we à moi aussi. Si tu savais. J'ai encore trop de scrupules à te faire le coup de la découverte macabre à ta rentrée de week-end mais si tu crois que je passe un bon week-end.

Le gaz a été coupé hier soir, quelle ironie. La vie est une belle salope tout de même et si Dieu existe, il doit bien s'amuser à nous rendre fous.

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Commentaires
L
L'essentiel c'est qu'elle évolue. Le plus dramatique serait de faire du sur-place, non ?
F
Je suis un peu plus sceptique que toi sur la réaction de ma mère (c'est peut-être parce que je la connais bien et que je sais que c'est une spécialiste de la technique dite de "l'autruche"). Pour Doudou oui je vais mieux, je pense qu'il est plus objectif que ma mère, c'est juste parfois son manque de compréhension qui me dépasse un peu. Objectivement parlant (ça tombe bien aujourd'hui, je le suis plus qu'hier), je pense que globalement ça va mieux, dans le sens où quand ça va, je ne me fais pas des noeuds dans le cerveau. Mais par contre je plonge vite et profond lorsqu'un évènement (qui pourrait paraître banal) me touche. C'est un peu les montagnes russes et c'est quelque chose que j'expérimente depuis 2 ans et demi à peu près. Avant c'était plus de longues périodes de mélancolies, ponctuées par des crises de nerf mais rares. Donc voilà ma maladie a évolué, mais je ne sais pas si c'est en mieux ou pas.
L
Ok, je retente, prête ? Je suis sûre que je peux faire mieux cette fois.<br /> <br /> Peut-être que si ta mère te dit que tu rayonnes (comme on le dit à moi aussi alors qu'il y a encore à peine un mois j'étais en arrêt pour dépression grave dont je te passe les détails), peut-être que c'est que tu es sur la pente ascendante mais que tu ne le sens pas encore, et qu'elle, elle le voit à des petits détails. C'est une mère, elle sent des choses que toi tu ne parviens pas à voir parce que, bah, tu es malade. Et c'est peut-être aussi le cas de Doudou qui se dit peut-être, j'en sais rien, que tu vas mieux que dans d'autres périodes de ta vie. Quand on a le nez dedans ce n'est pas toujours facile de réussir à évaluer à quelle profondeur on est vraiment, peut-être que c'est la fin d'une phase qui s'annonce et que ton entourage le sent (et l'espère sans doute aussi, c'est sûr) avant que le déclic ne se fasse pour toi ?<br /> <br /> Trop optimiste, cette fois ? C'est la faute de ces fichus médocs.
F
Non il n'y a pas de recette miracle effectivement je pense que c'est un travail de longue haleine et c'est difficile quand personne ne reconnaît qu'on est malade. Mais bon, demain est un autre jour comme on dit, sur la bonne dose de m**des que la vie nous balance, ça lui arrive aussi parfois d'être généreuse, c'est sûrement ce qui fait qu'on est encore là.<br /> Merci de ton soutien en tout cas.
L
Des fois, les mecs me font penser à des aveugles qui te prennent pour un chien d'aveugle. Mais même un chien d'aveugle, on est plus à son écoute parce qu'on sait que s'il flanche, tout part de travers. Mais, parce que tu es "une grande fille", tu es censée savoir tout gérer et faire bonne figure, parce qu'il faut aller de l'avant et toutes ces conneries. Je pense que ni Absolut ni les visualisations de cordes n'aident vraiment, cela dit. Mais je n'ai hélas pas encore trouvé LA recette magique pour sortir de là non plus, j'avoue.<br /> ...Comment ça, "j'aide pas beaucoup" ? Je retenterai quand je serai plus en forme, ma belle, promis.
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